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Le premier numéro de la troisième année de la revue Scientific American, en septembre 1848. Né en 1845, le Scientific American est sans doute la plus ancienne publication de vulgarisation scientifique toujours en activité.
Photo : domaine public
Courrier des lecteurs
Tous les articles publiés par Scientists of America sont faux...?

Un de nos jeunes lecteurs, Antoine B., de Saint-Louis dans le Haut-Rhin, nous pose de manière plutôt directe la question de la crédibilité des articles qui se trouvent sur ScientistsOfAmerica.com. Visiblement féru de divertissements logiques, ce jeune homme nous explique son impatience et sa curiosité de, je le cite, « voir comment les Scientists of America se sortent du paradoxe du menteur ! »
Nous ne pouvions rester insensible à cette question, car elle se trouve au cœur même de notre projet.

Mon petit Antoine.
La question que tu poses, loin de nous vexer ou de nous embarrasser, est tout à fait passionnante puisque, au delà de notre cas singulier, elle est celle de la crédibilité de la presse de vulgarisation scientifique en général. Comme tu le sais, nous touchons là à une problématique élémentaire de déontologie que nos confrères évitent pourtant soigneusement d’aborder. J’ai dans ma bibliothèque près de cent ans de revues scientifiques. La Science et la vie, Popular Mechanics, Popular Science, Scientific American, Découverte, Québec Science, Cosmos Magazine,... Ces revues m’ont personnellement beaucoup apporté, elles m’ont donné la fibre scientifique, m’ont inspiré, m’ont fait imaginer des évolutions techniques incroyables pour l’avenir, je leur dois sans doute d’être l’homme que je suis.
Pourtant, tu le sais peut-être, ces revues sont rarement rédigées par d’authentiques scientifiques. Les journalistes qui y contribuent sont justement des journalistes, et rien d’autre, c’est à dire des professionnels de l’écriture généralement très polyvalents et qui se spécialisent souvent, soit par inclination personnelle, soit par les hasards de la vie, soit les deux, dans un registre précis : mode, people, actualité, sciences, critique, musique,... Parfois, ce sont aussi, ou même d’abord, des passionnés d’un sujet, mais les journaux de passionnés, les fanzines, manquent souvent de professionnalisme, leur qualité rédactionnelle peut être douteuse et, pire, leur contenu s’adresse souvent aux initiés et fait référence à toute une culture extrêmement pointue et par conséquent totalement hermétique au profane. C’est le cas notamment des fanzines consacrés à des mouvements musicaux marginaux comme le « Death Metal » et le « Death Trash » ou aux revues scientifiques universitaires telles que le « Journal of Biological Chemistry », le « Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism » ou encore le « Annual Review of Biomedical Engineering ».

...Deux modèles...
Nous voilà donc acculés à choisir entre deux registres. D’une part, les revues dites de vulgarisation, qui évoquent de nombreux sujets très différents, qui sont plaisantes à consulter, mais dont les rédacteurs ont une approche parfois peu rigoureuse des sujets qu’ils traitent. D’autre part, les fanzines et les revues universitaires, dont le contenu est effectivement très sérieux mais qui sont trop rebutantes à lire, au point qu’on peut légitimement soupçonner certaines d’entre elles de n’être lues que par leur seule équipe rédactionnelle.
Tu vois donc où je veux en venir, je suppose : sans lecteurs, comment une revue peut-elle se financer ? Les revues scientifiques pointues ont plusieurs moyens d’y parvenir. Certaines sont horriblement chères. Certaines sont si célèbres que toutes les bibliothèques universitaires du monde y sont abonnées. Inversement, certaines connaissent des tirages si mesquins qu’elles ne coûtent rien à faire. Enfin, la plupart sont financées par des universités ou des grandes écoles, mais surtout, les rédacteurs ne sont pas rémunérés, ou bien ils ne le sont que de manière symbolique, car ils travaillent en fait pour la gloire, ce « soleil des morts » comme disait Balzac. Inversement, les journalistes de la presse de vulgarisation scientifique travaillent eux pour remplir leur frigo.
C’est du moins l’interprétation rapide que l’on peut faire des choses. Mais comme tu le sais, rien n’est simple, surtout la vérité.
Les chercheurs qui publient dans des revues « sérieuses » ne travaillent pas que pour la gloire, car cette gloire se montre souvent rémunératrice : elle permet d’obtenir des postes universitaires, d’avoir des opportunités de publications, de recevoir invitations à intervenir dans des colloques, d’obtenir un grand pouvoir au sein de l’institution universitaire — pouvoir qui leur permet d’être à la tête de budgets, d’équipes, d’épouser leurs étudiantes (ce sujet un peu tabou est pourtant loin d’être anecdotique), etc. Et ce n’est pas tout. Dans certains domaines ayant des applications industrielles importantes (médicament, agriculture/alimentation, armement, aéronautique, etc.), un grand prestige universitaire permet aussi d’exercer une activité annexe et extrêmement rémunératrice dans son domaine de compétence. Diriger une société qui développe un produit directement issu de ses recherches par exemple. Certains ne s’arrêtent pas là et acceptent même de se faire corrompre : inventer une maladie psychologique qui, par chance, peut justement être soignée par une molécule brevetée récemment, ça n’est pas très difficile pour un scientifique respecté et ça peut être extraordinairement lucratif. De la même façon, certains placent leur prestige au service des intérêts de la chimie pétrolière, du secteur automobile ou des cigarettiers en niant les effets néfastes des produits de ces industries.
Combien se laissent tenter ? Difficile d’en juger.
...Des chercheurs qui trouvent...
Le projet actuel de réforme des universités françaises, qui propose aux laboratoires de recherche publique d’être financés directement par le secteur privé va d’ailleurs dans le sens d’une institutionnalisation de la chose, puisque, sous perfusion financière directe de grosses sociétés, les laboratoires publics seront bien forcés de ne découvrir que ce que l’on veut bien qu’ils découvrent. « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche » aurait dit le Général de Gaulle. Il devrait bientôt être exaucé.
Revenons aux journalistes scientifiques. Nous disions tout à l’heure qu’ils travaillaient non pour l’amour de la science mais pour l’argent. On peut pourtant relativiser la chose, car s’ils sont bien rémunérés au tarif syndical pour leurs feuillets, ces journalistes sont loin de rouler sur l’or, ils prennent le métro comme tout le monde et on ne les invite jamais dans les soirées des grandes entreprises de chimie ou de génie génétique, au contraire des chercheurs influents du domaine public. Ou lorsqu’on les invite, c’est qu’on pense qu’ils peuvent servir de relais dans une stratégie de communication.
En revanche, comme tous les pauvres, ils possèdent un bien extraordinaire que l’on appelle la liberté. S’ils veulent expliquer que la terraformation de la planète Mars devrait être effective en 2020, s’ils veulent placer des schémas surréalistes sur des théories de physique fondamentale que dix personnes au monde peuvent réellement comprendre, s’ils veulent s’émerveiller de telle découverte récente qui a en fait dix ou vingt ans, ils le peuvent. S’ils souhaitent extrapoler des études statistiques, promettre la fin du cancer, raconter n’importe quoi sur le fonctionnement du cerveau, prédire l’avènement de gadgets futuristes, ils le peuvent.
Et comme je te le disais un peu plus haut, cette liberté se révèle souvent extrêmement fertile, au même titre que la littérature de Science-Fiction, car elle permet à l’esprit d’aller bien au delà des limites rigides des faits et de l’expérimentation rigoureuse épistémologiquement viable. La science vit en effet un terrible paradoxe : elle doit inventer, imaginer, créer, mais en même temps elle est engoncée dans les pratiques qui lui permettent de fonctionner, à savoir l’hyper-spécialisation (deux scientifiques de disciplines vaguement cousines n’ont souvent rien à se dire), la démarche expérimentale rigoureuse (noter sur un cahier le nombre de je-ne-sais-quoi que l’on a observé au microscope sur un bout de carotte pendant un an n’a rien d’excitant) et, bien sûr, les enjeux financiers paralysants (difficile de travailler sur une maladie qui n’est pas à la mode par exemple).

À ScientistsOfAmerica, nous avons choisi une voie médiane. Comme la presse de vulgarisation scientifique, nous n’hésitons pas à extrapoler les informations dont nous disposons ni à nous exprimer sans être pour autant détenteurs d’une quelconque autorité académique. Comme les laboratoires universitaires les plus sérieux et les revues qui relaient leurs travaux, nous n’hésitons pas à accepter de traiter les sujets que l’on nous commande ni à découvrir ce que l’on nous demande de découvrir, et tout ceci à un tarif modéré et dans une prose accessible au plus grand nombre.
Il fallait faire un choix, nous l’avons fait et nous l’assumons sans réserves.


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Abbot ’abbie’ Hamm
Rédacteur en chef.


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